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Division du travail

Malgré les changements importants intervenus dans leur mode de vie depuis une vingtaine d’années, des règles tacites millénaires continuent de gouverner les jours des Dolpopa. Hommes et femmes se partagent le travail selon un mode ancestral.

Les hommes sont les maîtres des chevaux et des yaks ; ce sont eux qui mènent les caravanes dans leur long périple à travers les montagnes jusqu’au plateau tibétain pour le traditionnel commerce du sel et du grain. Ce sont eux aussi qui labourent les champs avec le concours de leurs yaks trainant un araire primitif inchangé depuis des siècles, ou qui transportent le bois sur le dos de leurs bêtes ou sur leur propre dos, sur les sentiers escarpés et dangereux du Dolpo ; eux aussi qui gardent les yaks durant l’hiver dans des zones éloignées des villages, où la neige est moins persistante et où survivent tant bien que mal hommes et bêtes dans la même souffrance partagée. Eux encore qui dans le repos de l’hiver fabriquent les outils, les cordes et les sacs en poil de yak et qui cousent les vêtements, les couvertures et les bottes de feutre.

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Aux femmes sont dévolus les travaux domestiques : faire le feu, la ‘cuisine’, baratter le thé, moudre le grain, chercher l’eau, collecter la bouse de yak utilisée comme combustible. Elles concoctent aussi la bière locale (chang) issue de l’orge. Ce sont elles qui les pieds dans la boue glacée d’avril répartissent en chantant l’eau d’irrigation sur les parcelles qui recevront ensuite le grain des semailles de la main de l’homme, accomplissant le geste noble du semeur. Courbées en deux tout le jour, ce sont elles aussi qui sarclent à la main les champs d’orge quand elle n’est encore qu’herbe verte.

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Elles tissent sur des métiers primitifs des pièces de toile qui serviront pour les vêtements et les couvertures de la famille mais ce sont les hommes qui tailleront et coudront plus tard. Dans les pâturages d’altitude ce sont elles qui prennent soin des troupeaux de bovins et d’ovins, qui vont traire les femelles puis fabriquer le beurre, le yaourt et le churpi (fromage sec) et qui collecteront pour le foyer le rare combustible disponible sur ces hauteurs.

D’autres travaux se font en commun, hommes et femmes s’attelant ensemble à la tâche, comme la reconstruction des canaux d’irrigation ou l’épandage du fumier au printemps, les changements de campements de l’été et le moissonnage de l’orge à l’automne. Hommes et femmes indifféremment filent la laine, parfois même en marchant. Ils aiment aussi se retrouver ensemble autour du foyer pour échanger en buvant du thé tibétain (thé salé au beurre émulsionné). On parle sans précipitation, avec des silences, car le temps est un ami. Les éclats de voix habituels ailleurs, font place ici aux éclats de rire.

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Quel que soit leur statut financier, ces habitants courageux mènent une vie particulièrement dure par le climat qu’ils endurent, les écarts de température, l’isolement de la haute montagne, les contraintes de l’altitude et du froid, l’absence de routes et de machines pour remplacer les hommes dans les transports et les gros travaux, le dénuement de ce qui fait le confort ailleurs. Néanmoins ces populations ont conservé jusqu’à aujourd’hui leur nature paisible et la fraîcheur de leurs origines, elles sont étonnement ouvertes et confiantes même si le spectre de la mondialisation devient de plus en plus réalité dans ce monde qui fut longtemps caché.

 
 
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